Alberto Burri - A l'épreuve du feu
Le feu a intrigué les artistes contemporains, avides d’élargir leur horizon et leurs techniques. Aux côtés
d’Yves Klein, Claude Viallat, Arman, Gerhard Richter
et Christian Boltanski, figure l’Italien Alberto Burri.
Depuis les œuvres pariétales jusqu’à l’art contemporain, en passant par le motif de la flamme au XVIIe siècle, le feu est au cœur de multiples réflexions artistiques. Voulant renouveler leur mode d’expression, et toutes les conventions picturales, les artistes du XXe siècle se sont logi- quement tournés vers cet élément primordial. Une manière de revenir à l’essentiel, à l’essence même de la vie. Difficile à contrôler, le feu peut rapidement devenir destructeur et donc annihiler toute créativité. Alter- nent ainsi la peur et l’inspiration. Cet antagonisme ne pouvait que séduire Alberto Burri. C’est à la combustion et ses effets que l’artiste ita- lien s’intéresse dès les années 1950. Il confronte la flamme aux maté- riaux les plus divers, chacun réagissant et se transformant à leur manière. Dans cette création de 1968, Burri a ainsi choisi le plastique cellophane, un matériau très inflammable qui se prête donc particulière-
ment à ce procédé. « Pendant longtemps, j’ai voulu explorer comment le feu consomme, comprendre la nature de la combustion et comment tout vit et meurt dans la combustion pour former une unité parfaite », explique cet artiste qui allie dans son approche l’inspiration créative et sa formation scientifique. Il a d’ailleurs obtenu son diplôme de méde- cine en 1940, à l’université de Pérouse. Durant la guerre, emprisonné par les Américains dans un camp au Texas, il commence à peindre. Les matériaux étant extrêmement limités, il utilise ce qu’il trouve, comme des sacs de jute. Dès lors, son travail se concentrera sur les supports alternatifs, une démarche tout à fait dans l’air du temps avec la volonté des artistes de s’ancrer dans la réalité, que ce soit par le matériau ou le sujet. Par sa recherche matiériste, il est ainsi associé au mouvement de l’art informel. Mais au-delà de ces théories artistiques, Alberto Burri représente avec cette surface meurtrie, brûlée et trouée ses propres cica- trices, sa peau et son âme blessées par la vie.
DIMANCHE 2 AOÛT, CANNES. CANNES ENCHÈRES OVV. M. BRIAT.